Tripoli, capitale de l’éparpillement sunnite

Seuls 30,6% des inscrits au Nord II (Tripoli, Minié et Denniyé) se sont rendus aux urnes pour les élections législatives. Sur fond de boycott du courant du Futur du leader sunnite Saad Hariri, la capitale du Nord et les deux cazas voisins ont connu un scrutin miné par l’abstention, qui a ouvert la voie à un morcellement du paysage politique.

Les premiers résultats : (8 sunnites, 1 maronite, 1 grec-orthodoxe et 1 alaouite)

- La liste de l’ancien ministre et faucon du camp souverainiste Achraf Rifi se hisse en haut du podium, décrochant 3 des 11 strapontins à pourvoir, dont un siège sunnite à M. Rifi et un siège maronite à Elias Khoury, le candidat des Forces libanaises. Elle est suivie par la liste du camp du 8 Mars, qui aurait élu 2 de ses membres à la place de l’Étoile. Si cette liste n’arrive pas à décrocher un troisième siège, via le jeu des décimales, le député prosyrien Fayçal Karamé ne serait pas reconduit et serait alors vaincu par ses deux colistiers.

- La liste des anciens du courant du Futur n’a obtenu que deux sièges. Grosse surprise, l’ex-vice-président du parti bleu, Moustapha Allouche, n’aurait pas été élu, les deux sièges devant aller à ses colistiers. Vient ensuite la liste du « Changement véritable », conduite par l’homme d’affaires Ihab Matar en alliance avec la Jamaa islamiya, qui a également réussi à élire deux de ses membres : M. Matar et Azzam Ayoubi. La liste soutenue par le Premier ministre Nagib Mikati, ainsi que la liste de la contestation, n’ont, elles, réussi à obtenir qu’un siège chacune.

Ce qui reste à savoir

En attente des résultats officiels et du nombre de votes préférentiels obtenus par chaque candidat, il reste difficile de déterminer les noms des vainqueurs. Il faut donc se contenter principalement du nombre de sièges obtenus par chaque liste. Il reste également à déterminer si Fayçal Karamé arrivera à  maintenir son siège.

Ce qu’il faut retenir

- Le score de la liste soutenue par Nagib Mikati est particulièrement surprenant. Le Premier ministre, dont la liste avait obtenu quelque 42 000 voix en 2018, voit son score divisé par deux. Cette dynamique, ainsi que l’absence de Saad Hariri, ont conduit au morcellement de la scène sunnite tripolitaine, aucun véritable leadership n’ayant pu émerger, bien que le score de Achraf Rifi ait dépassé toutes les attentes.

- C’est dans ce contexte que la liste se réclamant de la thaoura a pu réaliser une percée, dépassant d’un poil le seuil électoral.