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Politique - Focus

Un bilan en demi-teinte pour les Kataëb

Si, à l’issue des législatives, la formation de Samy Gemayel élargit son groupe parlementaire, elle demeure prise en tenailles entre ses deux principaux rivaux chrétiens et la contestation.

Un bilan en demi-teinte pour les Kataëb

Samy Gemayel lors du lancement du programme électoral des Kataëb, le 28 avril 2022. Photo Marc Fayad

Quel bilan faut-il dresser des résultats des Kataëb à l’issue des élections législatives ? Les conclusions sont mitigées. Côté pile, le parti de Samy Gemayel est parvenu à élargir son groupe parlementaire, le faisant passer de trois à quatre députés (Samy Gemayel et Élias Hankache au Metn, Salim Sayegh au Kesrouan et Nadim Gemayel à Beyrouth I). Il s’est également réaffirmé comme la plus grande force politique au Metn, son fief incontesté. Côté face, la formation demeure devancée par ses deux principaux rivaux sur la scène chrétienne, les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, alors que plusieurs groupes de la contestation continuent de lui tourner le dos.

Après son accession à la présidence des Kataëb en 2015, Samy Gemayel se place dans le camp de l’opposition. Il claque la porte du gouvernement et s’oppose au compromis présidentiel de 2016 qui voit Michel Aoun accéder à Baabda et Saad Hariri au Grand Sérail. Il œuvre à moderniser sa formation dans une volonté de la libérer des chaînes du passé, surtout de la guerre, tout en se présentant comme la continuité d’un héritage familial. Un positionnement ambivalent qui semble jusque-là jouer en sa défaveur.

Défier Bassil sur ses terres

En 2018, les Kataëb, malgré un discours d’opposants qui séduit généralement les foules, ne décrochent que trois sièges au Parlement (deux maronites au Metn et un à Beyrouth I). À l’issue du scrutin de mai 2022, la formation de Samy Gemayel rafle un quatrième strapontin pour Salim Sayegh, vice-président du parti, élu avec 3 477 voix à l’un des cinq sièges maronites du Kesrouan. « Le siège remporté au Kesrouan est le seul changement significatif opéré dans cette région », se félicite le nouvel élu, contacté par L’Orient-Le Jour, rappelant que ce siège a été arraché « dans un fief du CPL et des (protagonistes) ayant pris part au compromis présidentiel ». Pour M. Sayegh, ce résultat est porteur d’un message au pouvoir en place : « L’heure est à la bataille du changement et de la souveraineté. »

L'édito de Issa GORAIEB

Attention, travaux !

Autre réalisation à l’actif des Kataëb, un score plus élevé au Metn. La liste parrainée par le parti a séduit 22 523 électeurs, contre 19 003 en 2018. Samy Gemayel est reconduit au Parlement à la faveur de 10 466 voix préférentielles (contre 13 968 lors du scrutin précédent). Idem pour son colistier Élias Hankache, qui a pu convaincre 6 148 votants (contre 2 583 en 2018). Ces chiffres ne constituent pas vraiment une surprise dans la mesure où le Metn est un des grands bastions Kataëb, même si, en termes de votes préférentiels, M. Gemayel est en deuxième position derrière Melhem Riachi, le nouveau venu FL (15 254 voix). Un déclin qui s’explique par le partage de voix entre les deux candidats du parti. « Nous avons gagné notre pari sur un discours opposant cohérent et convaincant », affirme M. Hankache, insistant sur le fait que sa formation a fait ses preuves dans le caza du Metn et remporté la bataille du changement, « en dépit de la guerre médiatique et politique » menée contre elle. « Nous avons contribué à l’élection de plusieurs figures opposantes ou issues de la contestation, dont Najate Saliba et Mark Daou (nouvellement élus au Chouf et à Aley) qui font partie d’un front d’opposition national », se félicite Élias Hankache. Et de souligner qu’en s’alliant à Majd Harb à Batroun, les Kataëb ont défié le leader du CPL Gebran Bassil sur ses terres, même si ce dernier a pu finalement préserver son siège (avec 8 922 voix, contre 7 076 pour Harb).

Entre les FL et la thaoura...

Toutefois, Samy Gemayel ne semble pas avoir gagné son pari. Le scrutin de mai a montré que, dans les rangs de l’opinion publique chrétienne opposée au mandat de Michel Aoun, fondateur du CPL, les Kataëb (avec un groupe parlementaire de 4 députés) arrivent loin derrière les FL (un bloc de 19 députés). Si le discours anti-Hezbollah les unit, il est également source de leur rivalité. Les deux formations se disputaient lors de la bataille législative le même électorat chrétien sensible à cette rhétorique. La campagne menée par chacun des partis à Beyrouth I en est l’exemple le plus illustre. Dans cette circonscription regroupant les quartiers chrétiens de la capitale, les FL ont, dans une démarche rare, présenté la candidature de l’homme d’affaires maronite Georges Chehwane face à celle de Nadim Gemayel. Finalement, c’est ce dernier qui remporte la bataille grâce à 4 425 voix préférentielles. « Nous avons opté pour ce choix afin de compléter notre liste », explique à L’OLJ un responsable au sein du parti de Samir Geagea. Reconnaissant le fossé béant entre les deux formations, il insiste sur le « besoin urgent et national de trouver un point commun entre les forces du changement et celles dotées d’un discours souverainiste pour jeter les bases d’une nouvelle phase de la vie politique ». « Nous n’avons de ponts coupés avec personne. Nous pourrions converger sur certains points avec des protagonistes bien définis », commente Salim Sayegh. Dans le même temps, les Kataëb ne sont pas parvenus à combler le fossé avec une partie des composantes de la thaoura qui continuent de rejeter l’option d’un rapprochement avec un parti traditionnel.

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« Samy Gemayel a réussi une modernisation significative de son parti. Mais il reste pris en tenailles entre les FL et la thaoura. Il pourra engranger les bénéfices électoraux de son nouveau positionnement à plus long terme, mais il lui faudra bien choisir ses alliances, et s’appuyer sur des partenaires fiables et au-dessus de tout soupçon », estime le politologue Karim Bitar.

Quel bilan faut-il dresser des résultats des Kataëb à l’issue des élections législatives ? Les conclusions sont mitigées. Côté pile, le parti de Samy Gemayel est parvenu à élargir son groupe parlementaire, le faisant passer de trois à quatre députés (Samy Gemayel et Élias Hankache au Metn, Salim Sayegh au Kesrouan et Nadim Gemayel à Beyrouth I). Il s’est également...

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